Villes moyennes : les clefs de la réussite

En mars dernier, Villes de France, l’association d’élus fédérant les villes moyennes, et Mytraffic, leader européen de l’analyse du flux piéton, publiaient le premier palmarès des centres-villes dynamiques. L’objectif ? Analyser les conséquences de la crise sanitaire sur le développement des villes moyennes et mettre en lumière les facteurs de leur résilience et de leur succès.

Alors que l’année 2020 a chamboulé la vie urbaine sur l’ensemble du territoire français, les villes moyennes semblent avoir tiré leur épingle du jeu en conservant une vitalité et en retrouvant une place dans le cœur des Français. Un engouement largement relayé par la presse, qui depuis la sortie du confinement se consolide avec l’arrivée de nouveaux habitants dans ces villes de taille moyenne. Même si ce phénomène n’est que l’accélération d’une tendance de fond déjà présente depuis plusieurs années, la crise sanitaire a permis de révéler les atouts de ces villes, qui pendant une cinquantaine d’années se sont peu à peu effacées face au développement de grandes métropoles.

Pour mieux comprendre le phénomène, Villes de France, l’association d’élus fédérant les villes moyennes, et Mytraffic se sont alliés dans la réalisation d’un palmarès des villes les plus dynamiques sur la période de mars 2020 et janvier 2021. Pour cela, Mytraffic a chiffré le nombre de passages, c’est-à-dire de piétons se rendant dans les zones définies, dans plus de 180 centres-villes de villes moyennes, c’est-à-dire de moins de 100 000 habitants. En tête du classement figure la commune de Villefranche-sur-Saône, où vivent 36 000 habitants, suivie par la ville de Chambéry puis de Pau.

Pau se classe en 3ème position du palmarès des villes moyennes les plus dynamiques ©️Canva


Un dynamisme ni tributaire de la géographie, ni de la taille, mais bien de politiques d’attractivité mises en place

Contrairement à ce qu’on pourrait croire, la résistance à la crise sanitaire des 30 villes présentes au palmarès n’est ni liée à leur taille, ni à leur localisation. En effet, on observe que le top 10 du palmarès contient des villes de tailles variables, allant de 30 000 à 77 000 habitants, réparties dans 10 régions différentes. Même si les Hauts-de-France se distinguent en plaçant 3 villes dans le top 10, l’aire géographique n’apparaît donc pas comme un critère significatif du dynamisme des villes moyennes étudiées.

Le dynamisme de ces villes moyennes qui ont su attirer les habitants des métropoles lors de la crise sanitaire récompense en réalité des stratégies d’attractivité déployées dans le temps long et accélérées à l’été 2020. Une démarche efficace, permise grâce à la stabilité politique de ces villes. En effet, parmi les 30 communes classées, 25 d’entre elles sont régies par une mairie en place depuis plus de 7 ans. Un temps long propice au déploiement de dispositifs au service du dynamisme et du développement de leur commune.


Les cinq facteurs incontournables du dynamisme des villes moyennes

La mise au point de ce palmarès et son analyse ont permis d’identifier 5 facteurs favorisant l’accroissement du dynamisme d’une ville moyenne. Ces facteurs ont été définis en interrogeant l’ensemble des élus concernés :

• Le premier facteur est la reconcentration des activités. Les villes moyennes ont été aménagées, depuis les années 70, avec une logique d’étalement de leurs activités : centres commerciaux, zones d’activités logistiques et artisanales, lotissements pavillonnaires ont été construits en périphérie des villes sur du foncier peu coûteux. Les villes récompensées par le palmarès s’inscrivent dans l’inversement de cette logique depuis quelques années grâce à différents outils tels que la lutte contre la vacance des logements, le maintien ou l’ouverture d’équipements publics et la redynamisation des espaces commerciaux en centre-ville.
• Le deuxième facteur est l’équilibre entre accessibilité et pacification du centre-ville. Le dynamisme retrouvé des villes moyennes tient tout autant à la mise en place d’une politique de stationnement efficace favorisant la fluidité en centre-ville (création de parkings, tarification préférentielle) qu’au développement des mobilités douces (zones piétonnes et apaisées, à vitesse modérée). Un travail de pacification qui a pris tout son sens lors du déconfinement de mai 2020, où l’espace public a été réinvesti par des terrasses éphémères et où les habitants ont pu profiter du grand air.

© Canva

• Le troisième facteur est la rénovation du patrimoine historique. Les villes du palmarès ont investi depuis une vingtaine d’années dans la réhabilitation de sites patrimoniaux remarquables. Les effets ? Une augmentation du flux touristique, un embellissement de la ville qui influe sur les quartiers environnants et s’applique à l’ensemble du cadre de vie. Certaines villes ont également misé sur la programmation d’événements culturels qui valorisent le patrimoine architectural, artisanal et immatériel local.
• Le quatrième facteur tient à un management volontariste. La majorité des villes du palmarès a embauché depuis quelques années un manager de centre-ville, véritable chef d’orchestre mettant en musique les différents services de la ville. Ces mêmes villes ont d’ailleurs pu bénéficier du programme national « Action Cœur de Ville » porté par l’ANCT (Agence Nationale pour la Cohésion des Territoires), avec à la clef des investissements permettant de dédier des ressources humaines à la redynamisation des centres-villes.
• Le dernier facteur est la présence d’un tissu de commerçants proactifs. En favorisant le dialogue entre les différents acteurs et parties prenantes et leur engagement dans le développement économique de leur commune, les villes consolident l’investissement de chacun dans la construction d’un dynamisme ancré localement et créent des synergies essentielles à l’attractivité du territoire.